En ce samedi 11 février, fête de Notre Dame de Lourdes et 25e journée mondiale de prière pour les malades, de nombreux malades et anciens malades soignés par les sœurs de nos deux communautés d'Angers, étaient réunis à la Maison-Mère pour une journée de prière et de rencontre fraternelle.
A 11h45, la journée a commencé par réunir une centaine de personnes pour la messe présidée par Dom Paul Préaux, modérateur général de la communauté Saint Martin, qui était accompagné de l'abbé Pellabeuf, notre aumônier, et de deux autres prêtres. Chant grégorien, duo d'orgue et de flûte traversière, et chants en français se sont enchainés pour la plus grande joie de tous. Après l’homélie, vingt-cinq personnes ont pu recevoir le sacrement des malades, entourées de la prière de toute la communauté.
Après la messe, presque tous sont restés pour le pique-nique pris dans les locaux du Patronage Dom Camille Leduc : chacun avait prévu son repas, les sœurs offrant la soupe et le café, et les membres de la fraternité spirituelle offrant le dessert. Pour clôturer ce temps, les jeunes du groupe des "étoiles du matin", ont offert un chant d’action de grâce : violon et tam-tam !
A 15 heures, retour à la chapelle pour un temps de prière mariale. De nombreux invités se sont joints au groupe du matin et les participants sont maintenant près de 130 pour prier et chanter ensemble. Après un mot d'introduction de Mère Prieure, lecture de l'Évangile, brèves méditations et intentions de prières alternent avec la récitation de 3 dizaines de chapelet. Le tout s’achève par un temps d’Adoration et la bénédiction du Très Saint Sacrement passant au milieu des malades.
Tout ce monde se retrouve enfin à nouveau au Patronage autour du traditionnel goûter. Les "étoiles du matin" offrent cette fois une petite représentation mettant en scène une journée de pèlerinage à Lourdes et le message de Notre Dame… De quoi préparer le cœur des trois heureux gagnants du tirage au sort qui se voient offrir une place pour le pèlerinage diocésain 2017 de Lourdes. Ave, Ave, Ave Maria !
Frères et Sœurs bien aimés,
Nous vivons aujourd’hui en communion avec le Sanctuaire de Lourdes cette célébration où la Vierge Marie, la Vierge Immaculée, la Mère de Dieu est au centre, même si elle n’aime pas être au centre, puisque le centre, c’est son Fils. Et nous vivons aussi, dans l’Église, la XXVe Journée mondiale de prière pour les malades. Raison pour laquelle, frères et sœurs qui allez recevoir le sacrement des malades, nous sommes dans une proximité de cœur avec vous ; et je remercie beaucoup la Congrégation des Servantes des Pauvres non seulement de vous soigner, de prendre soin de vous, mais d’avoir été l’occasion – et je crois que c’est un peu une première – de nous réunir ensemble et de pouvoir recevoir dans cette Eucharistie l’onction.
La parabole du Bon Samaritain que nous venons d’entendre et que nous connaissons bien, est très éloquente pour comprendre ce qui se vit ce matin. Cette parabole s’insère dans une série de récits sur la vie quotidienne avec lesquels Jésus veut faire comprendre l’amour infini, l’amour inconditionnel du Père envers chaque être humain. Tout être humain est aimé d’un amour infini et inconditionnel, et spécialement lorsque cet être humain est touché par la vieillesse ou par la maladie. Et il y a comme un rebondissement - si vous me permettez l’expression qui n’est peut-être pas très théologique – un rebondissement de miséricorde de Dieu quand Il voit un de ses enfants pris par cette difficulté. Et en même temps, avec les paroles qui concluent la parabole du Bon Samaritain : « va, et toi aussi, fais de même », le Seigneur indique quelle doit être l’attitude de chacun de ses disciples envers les autres. Que nous soyons en bonne santé, que nous soyons relativement jeunes, ou que nous soyons malades, cela s’adresse à nous tous. Et j’ai relevé dans l’Évangile, quatre attitudes que je voudrais brièvement commenter, parce qu’elles me semblent être véritablement au cœur même de notre condition de disciples.
Tout d’abord, le bon samaritain, il voit, comme le prêtre et le lévite, mais il s’arrête. Et il va s’approcher. Première attitude : voir et s’approcher. C’est tellement important de nous rappeler cela car nous sommes toujours des personnes pressées, prises par le temps. Dans notre vie quotidienne, combien de fois nous passons à côté des occasions que Dieu nous donne. Dans ce récit, vous aurez remarqué deux personnages qui ne sont pas des moindres parce qu’il y a un prêtre et un lévite, celui qui exerce la Loi, donc qui sont liés au culte du temple. Eux ont de bonnes raisons pour passer à côté. A ce sujet, le pape émérite Benoît XVI avait écrit dans une de ses encycliques cette petite phrase qui avait retenu mon attention : « Ce n’est pas le fait d’esquiver (c’est-à-dire de passer à côté de) la souffrance, de fuir devant la douleur qui guérit l’homme. Mais c’est la capacité d’accepter les tribulations et de mûrir par elles, et donc d’y trouver un sens (et là c’est un mot clé) par l’union au Christ qui a souffert avec un amour infini. » (1) Donc le premier enseignement de ce geste du bon samaritain c’est que celui qui fréquente la maison de Dieu, qui connaît donc la miséricorde de Dieu, ne sait pas automatiquement aimer son prochain. Il n’y a pas d’automatisme. Le Pape François souligne : « Tu peux connaître toute la Bible, tu peux connaître toutes les rubriques liturgiques, tu peux connaître toute la théologie, mais connaître ne signifie pas automatiquement aimer. Aimer, c’est un autre chemin. » (2) Il faut de l’intelligence, certes ! Voyez, le lévite et le prêtre voient ce malade ou cet homme roué de coups sur la route. Mais ils ignorent. Ils regardent, mais ils ne prévoient pas. (3)
La deuxième attitude du samaritain, c’est qu’en voyant et en s’approchant, il va être saisi de compassion. Cela nous rappelle toute l’Année de la Miséricorde. Dieu est saisi de compassion pour chacun de nous, c’est-à-dire que son Cœur, ses entrailles sont émues. Voilà la différence. Les deux autres, ils voient, mais leur cœur demeure fermé ; il demeure froid. En revanche, le cœur du samaritain était en accord, en harmonie, avec le Cœur de Dieu. La compassion de Dieu, c’est quoi ? Cela veut dire que Dieu va souffrir avec nous. Il sent nos souffrances. Et son Fils, d’ailleurs, va nous donner sa vie sur la croix. Et l’Eucharistie rend présent ce sacrifice de Jésus. C’est pour cela que l’Eucharistie est au cœur de la vie du chrétien comme au cœur de la vie de l’Église. Et vous avez remarqué : « Il fut saisi de compassion »... Alors il y a une chose que ne dit pas l’Évangile, mais qu’on peut imaginer, nous, c’est que le bon samaritain, il va se pencher vers cet homme qui est là au milieu du chemin. Il va se pencher. C’est très beau. Il va se baisser, il va s’abaisser. Et si vous vous souvenez, c’est le mystère même de Noël. Le Fils de Dieu s’est penché, il va se baisser, ce qui a fait dire à la petite Thérèse de l’Enfant-Jésus : « Le propre de l’amour en Dieu, c’est justement de s’abaisser » (4), c’est-à-dire de se mettre au niveau de celui qui est là, faible, fragile. Dans sa très belle encyclique sur la Miséricorde, le Pape Jean-Paul II écrit ceci : « la croix est le moyen le plus profond pour la divinité de se pencher sur l’homme et surtout sur ce que l’homme – dans les moments difficiles et douloureux de sa vie – appelle son malheureux destin. La croix est comme un toucher de l’amour éternel sur les blessures les plus douloureuses de l’existence de l’homme. » (5)
Mais, ce bon samaritain va encore plus loin. Il n’est pas que "penché vers". Dans l’Évangile il est dit qu’il va soigner ses blessures en y versant de l’huile et du vin. L’huile, pour quelqu’un qui connaît un peu la Bible, c’est la consolation. Cela nous rappelle un peu l’onction que vous allez recevoir bientôt sur le front, et sur vos mains. Par l’onction, le Seigneur va venir vous visiter, va venir vous guérir intérieurement. C’est vraiment une présence de Dieu, un vrai sacrement. Et puis il y a le vin ; le vin c’est l’expression, non pas de l’ivresse, mais de l’espérance.
Voyez, il y a une quatrième attitude que je voudrais souligner dans cet Évangile, c’est que, non seulement il va le soigner, mais il va le charger sur ses épaules, ce malade. Il le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Il va le charger sur sa propre monture. Porter sur soi, supporter, n’est-ce pas aussi votre attitude, chers frères malades ? Vous portez cette maladie. Vous portez peut-être la vieillesse, vous portez des choses qui sont peut-être lourdes, mais le Seigneur les porte avec vous. Il ne veut pas vous voir porter tout seul. Il n’est pas qu’un spectateur extérieur. Il est avec vous et Il porte avec vous pour que ce que vous portez ait une fécondité pour toute l’Église.
Maintenant, je vous porte à Lourdes ; je passe de la parabole à Lourdes. Et alors je me rappelle, chers frères et sœurs qui êtes touchés par la maladie particulièrement, comment... En ce jour où nous célébrons Notre-Dame de Lourdes, j’aimerais vous rappeler la belle figure de Bernadette, comment elle est sous le regard de Marie, et comment, comme elle, nous sommes aussi ce matin sous le regard de Marie. L’humble jeune fille de Lourdes raconte que la Vierge, appelée par elle la belle Dame, - celle que vous avez devant vos yeux, là à côté de l’autel, que la Vierge donc la regardait, ‘comme on regarde une personne’. Cette expression est magnifique ! Bernadette, qui était une jeune fille, une pauvre, une misérable, s’est sentie regardée comme une personne par la Vierge Marie. Voilà, cela nous dit quelque chose de la plénitude d’une relation vraie. Bernadette, pauvre, analphabète, malade aussi, se sent regardée par Marie comme une personne. La belle Dame du Ciel lui parle avec respect, sans prendre un air supérieur. Cela nous rappelle que chaque malade est et reste toujours un être humain qui doit être totalement respecté par les autres humains, parce qu’il est totalement respecté par Dieu. Demandons dans cette célébration à la Vierge Immaculée, la grâce de savoir toujours nous mettre en relation avec ceux qui nous entourent et qui sont touchés par la maladie, comme une personne qui certainement a besoin d’aide pour les choses les plus élémentaires de la vie, mais aussi et surtout qui portent en elles un don personnel à partager avec les autres.
Frères et sœurs malades, le Pape Jean-Paul II avait dit un jour : « Vous êtes la richesse de l’Église. » C’est pour cela qu’aujourd’hui il y a autant de prêtres, d’ailleurs. Vous êtes la richesse de l’Église. Vous êtes comme un trésor de l’Eglise. Et je voudrais qu’en recevant cette onction tout à l’heure, vous vous disiez combien vous êtes aimés de Dieu, et combien vous êtes utiles, nécessaires à la fécondité de l’Église. Que la Vierge Marie nous aide à vivre cette onction sous le regard aimant de son Fils, mais aussi en nous rappelant notre mission à chacun et à chacune. Amen.
1. Benoît XVI. Encyclique Spe Salvi n. 37.
2. Pape François. Audience Générale du 27 avril 2016.
3. Ibidem.
4. Cf. S. Thérèse de l’Enfant-Jésus Histoire d’une âme ch. 1.
5. S. Jean-Paul II Dives in misericordiae n. 8.
Nous avons médité le chapelet sur le mystère de la Visitation et sur le mystère de l’Eucharistie. Et avant d’adorer Jésus présent dans le Saint Sacrement, en ce jour où nous fêtons Notre-Dame de Lourdes, j’aime rappeler que la Vierge Marie est la femme eucharistique. non seulement parce qu’Elle a été le premier tabernacle, qu’elle a porté Jésus dès le mystère de l’Annonciation auquel elle a consenti : « Qu’il me soit fait selon ta parole », mais plus qu’un tabernacle, comme celui-ci qui est devant nos yeux, qui est un bel objet, Marie, elle, l’a porté, mais elle a correspondu à Celui qu’elle portait. Et cela, chacun de nous, que nous soyons prêtre, religieuse, laïc, que nous soyons en bonne santé, que nous soyons malade, que nous soyons âgé ou jeune, nous pouvons tous nous rappeler que le désir de Jésus, le désir du Père rendu présent par Jésus, c’est que nous demeurions en Lui. Et que nous puissions comprendre que Lui aussi veut demeurer en nous. Que nous sommes des temples de l’Esprit Saint. Voyez, c’est le cœur de la foi chrétienne, cela. Nous n’avons pas simplement une relation avec un Dieu qui nous aime et qui est lointain, mais Il a voulu demeurer en nous. Marie nous apprend cette intimité avec l’Eucharistie, c’est-à-dire la présence réelle de Jésus.
Mais cela va encore plus loin de dire que Marie est la femme eucharistique. Cela veut dire que nous sommes invités, un peu comme dans une messe, à faire l’offrande de notre vie, de ce que nous vivons en ce moment, de ce que nous vivons personnellement, de ce que nous vivons dans notre famille, dans notre communauté. Nous sommes appelés à en faire l’offertoire, l’offrande, comme Marie. Marie n’a pas seulement porté Jésus à Elisabeth. Marie a consenti à l’offrande de son Fils. Marie n’a pas seulement fait l’offrande. Comme à la messe, après l’offertoire, il y a la consécration. Marie va comprendre qu’elle aussi, depuis sa conception, elle est consacrée à Jésus, à Dieu. Alors elle, elle est Immaculée Conception, comme on le voit à Lourdes, comme elle le révèle à Lourdes, mais nous aussi, nous sommes invités, par le baptême, à nous rappeler que nous sommes consacrés dans l’Esprit Saint. Mais ce n’était pas encore suffisant pour Dieu ; Il ne voulait pas que nous soyons simplement des temples consacrés, il veut encore plus vivre en nous. La vie divine vit en nous. Cela, c’est la communion. Dieu ne veut pas seulement que nous pussions Le porter, Il ne veut pas que nous puissions simplement faire l’offrande de notre vie, Il ne veut pas seulement nous consacrer, mais Il veut vivre en nous. Laissez vivre Jésus en vous ! Il y a un grand poète français, dont vous avez peut-être entendu le nom au moins, qui s’appelle Claudel, qui disait « Dieu est en nous comme un Dieu à moitié étouffé. » Et cela, c’est à la portée de chacun et de chacune de nous, que nous soyons malades ou pas. Laissez vivre Jésus en nous !
Ô Jésus, vivant en Marie ! Ô Jésus, vivant dans mon âme !... en état de grâce. Jésus vit en nous.
Et enfin, - c’est d’ailleurs le message du Pape François pour cette XXV° Journée mondiale de la prière, - c’est l’action de grâce. Après l’offertoire, après la consécration, après la communion, nous sommes invités à entrer dans l’action de grâces. Dans le deuxième mystère que nous avons médité, nous avons repris le Magnificat. En fait, notre vie sur terre c’est déjà un immense "Magnificat". Particulièrement pour vous qui avez reçu l’onction des malades. Vous devriez être remplis de cette action de grâce parce que Dieu vous a visités ; et puis nous tous qui avons communié ce matin. C’est extraordinaire, non ? Vous vous rendez compte : le Ciel est venu dans notre âme ! Jésus est venu dans notre âme ! Combien on devrait être, non pas préoccupés par nos petits soucis, mais préoccupés de rendre grâce, c’est-à-dire d’accorder notre cœur au Cœur même de Dieu. C’est ce que nous allons faire maintenant en exposant Jésus sur l’autel.
Seigneur Jésus, comme Ta sainte Mère Immaculée, nous Te demandons, nous aussi, d’être des hommes et des femmes de l’Eucharistie.