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Première messe de Don Martin Bonnassieux 13-08-2015

Don Martin Bonnassieux Très Révérende Mère, chères Sœurs, chers fidèles,

Merci de m’accueillir pour cette Première Messe, aujourd’hui, ici…

Je suis vraiment particulièrement heureux de pouvoir célébrer une première messe ici, pour plusieurs raisons. La première, c’est que je dois ma vocation sacerdotale à l’Abbaye bénédictine de Fontgombault. C’est vraiment le lieu de ma conversion. Dans mon discernement, j’ai vraiment beaucoup hésité à entrer à Fongombault. Finalement, je suis entré à la Communauté Saint-Martin, mais ce monde bénédictin m’est particulièrement cher car – en tous cas je le vois dans ma vie de prêtre qui commence – il y a toujours cette tension entre l’action et la contemplation. J'ai été particulièrement marqué lors de mon séjour ici en 2011, dans le cadre du Patronage, par cette union de la contemplation et de l’action dans votre vie. Et donc, particulièrement sur ce point, je vous remercie de me porter dans votre prière.

Voilà tout le mystère du prêtre auquel je suis confronté : c’est que je suis appelé, certes, en particulier en célébrant le Messe, à représenter le Christ-Tête ; mais je dois aussi, être un père, être un fils ; et pour être un fils, j’ai besoin de mères, bien évidemment de la Vierge Marie, en tout premier, mais aussi de toutes les médiations féminines que Dieu met sur mon chemin, et votre Communauté en est une, ce dont je vous remercie particulièrement.

Nous ne nous sauvons pas tout seuls, et nous savons que dans l’histoire du Salut, la femme a un rôle particulier. Je m’attendais à avoir d’autres lectures… j’avais préparé une homélie sur d’autres lectures… C’est bien, cela apprend à faire appel à l’Esprit-Saint ! Donc j’ai fait appel à l’Esprit-Saint, et voici ce qui m’a marqué dans cette lecture d’aujourd’hui : Bénie sois-tu ma fille entre toutes les femmes et béni soit le Seigneur qui a créé le ciel et la terre, lui qui t’a conduite pour blesser à la tête le chef de nos ennemis.  Bien sûr, nous pouvons croire - c’est même la réalité, - que c’est avant tout la Sainte Vierge qui blesse à la tête notre Ennemi commun, mais nous le voyons par ce passage que Judith a fait partie de ces médiations féminines qui furent voulues dans le plan de Dieu pour blesser l’Ennemi. Jamais l’espérance dont tu as fait preuve ne s’effacera du souvenir des hommes. Voilà peut-être, ce qui me marque le plus dans la vocation générale de la femme : c’est cette espérance. Bien sûr la Pierre c’est le Christ, mais nous voyons souvent dans les familles que ce sont les femmes qui sont des rocs. Et donc, nous les prêtres, nous avons particulièrement besoin de vous, de votre fidélité, quoi qu’il en coûte. Tu es intervenue pour empêcher notre ruine. Voilà la ruine de l’homme qui est de se détourner de Dieu, et voilà ces médiations nécessaires qui agissent sous le regard de Dieu, et tout le peuple dit : Amen ! Amen !

Donc, je me permets de confier mon sacerdoce à votre Communauté, à votre prière. Je mesure vraiment le mystère qui m’est confié. Croyez-moi, depuis maintenant 40 jours, où j’ai la grâce de célébrer la Messe, je me rends compte que je comprends encore moins, vraiment... enfin, vraiment je ne comprends pas... Je ne comprends pas pourquoi Dieu m’a appelé moi, et pas un autre, Je menais une petite vie chrétienne confortable. Il est venu me chercher. Je sais avec certitude qu’il m’a appelé ; je sais aussi avec certitude que les renoncements ont été difficiles, ont été longs. A ce propos j’ai une petite anecdote que je vais quand même raconter. Quand je suis venu il y a quatre ans, j’avais une voiture MG décapotable un peu voyante. D’un côté, cela m’amusait en tant que séminariste de me balader là-dedans, et, d’un autre côté, cela me gênait un peu. Et en arrivant, j’ai quand même cru bon de dire à Mère Générale que j’étais un peu gêné. Alors je pensais que Mère Générale me dirait : « Ne vous inquiétez pas, les voitures, ce n’est pas important. » Et elle m’a fait une réponse, peut-être que c’était anodin, peut-être que c’était volontaire ! Vous m’aviez répondu : « Ce n’est pas grave, vous n’êtes pas encore prêtre. » Cela m’a un peu embêté, parce que dans mon esprit, je ne pensais pas… je pensais la garder, pas forcément dans le ministère, mais de l’avoir pour les vacances… Il y avait beaucoup de subtilité dans cette réponse. Et je vous rassure : la voiture est maintenant vendue ! Après beaucoup de péripéties. Je l’ai d’abord donnée à mon frère, mais sa femme n’en voulait pas parce qu’elle était trop voyante. Je me suis dit : "je vais la garder" ; mais finalement je l’ai vendue. Voilà, la grâce du sacerdoce ! Vous m’avez permis, Très Révérende Mère, sans le savoir, sans vous en rendre compte, de prendre conscience de cela.

L’anecdote est amusante, mais plus profondément, je mesure que dans le monde, en tant que prêtre, nous n’avons pas les protections, même si à la Communauté Saint-Martin nous avons déjà la vie commune, mais nous n’avons pas les mêmes protections que vous. Votre exemple pour moi est utile, d’autant que je me doute bien que vous toutes, comme moi, dans notre vie de foi, nous avons des combats. Mais vraiment, quand je suis arrivé ici tout à l’heure, j’ai eu l’impression d’entrer dans un monde de paix, de détachement du monde qui me fait signe : je sais que j’ai besoin de ce contact avec votre absolu de la vie consacrée pour que je puisse rester détaché de toutes ces choses.

En résumé : merci ! Je me confie à votre prière, que je puisse être digne de cet appel que j’ai reçu sans aucun mérite de ma part, et puis… priez – et je prie aussi - pour que je sois encore émerveillé dans 50 ans, tellement cet appel à cette intimité avec Dieu que vous les consacrées, que nous les prêtres, avons est beau. Amen.