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Noviciat à Candé-sur-Beuvron08-10-2014

Durant le séjour du Noviciat à Candé-sur-Beuvron, lors de la messe paroissiale célébrée aux Montils, Don Louis Marie DUPORT a offert aux paroissiens une homélie savoureuse sur la vie consacrée.

Homélie

Don Louis Marie DUPORT Chers amis,

La présence des sœurs parmi nous, que je salue chaleureusement et que je remercie, me pousse aujourd'hui à vous parler de cette part cachée et pourtant si féconde de notre Église : la vie consacrée.

Lorsqu'un jeune homme ou une jeune femme, consacre sa vie à peine commencée au Seigneur, cela va à l'encontre de toute logique humaine, de toute logique mondaine… Tant et si bien qu'il est courant d'entendre dire, lorsque l'on assiste à des vœux solennels ou à une ordination : Mais enfin, quel dommage ! « un si beau garçon, une fille si brillante, si pétillante », quel gâchis !

Et si j'attire votre attention sur cette réflexion, sur cette manière très mondaine d'envisager la vie religieuse, c'est que, peut être, vous est-elle déjà venue à l'esprit… et comment ne pas le comprendre ? Mais davantage parce qu'aujourd'hui, l'Évangile semble curieusement abonder dans ce même sens !

Le Christ semble donner des arguments aux personnes qui se désespèrent que leur fille ou leur ami, voués pourtant à une brillante carrière, s'enfouissent dans une voie qu'ils croient sans issue. Je m'explique…

Nous pourrions aller voir nos chères sœurs, à la fin de cette messe, elles qui ne se sont pas encore définitivement engagées, puisqu'il s'agit d'un noviciat, en leur disant : Mais enfin, réfléchissez avant de vous engager, n'avez-vous pas entendu l'Évangile : « Les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers. »

Pourquoi donc ne voulez-vous pas profiter de votre vie ? Pourquoi ne pas vous laissez aller aux joies de ce monde, puisque vous l'avez entendu comme moi, si vous rentrez les premières, vous vous retrouver dernières ! Mes chères sœurs, vous allez vous faire avoir, comme les premiers ouvriers qui ont été embauchés à l'aube de leur vie et qui ont travaillé toute la journée pour le même salaire que celui qui y vient à la dernière minute !

En vous prenant ainsi à parti, je sais faire naître en vous ce sourire indulgent, cette compassion envers une personne qui ignore totalement ce qu'est et ce qu'apporte l'amour de Dieu ! Et comme j'aimerais pouvoir vous laisser répondre par vous-mêmes à une telle question qui, sans aucun doute, ne connaît pas la joie qui existe à travailler à la vigne du Seigneur !

Chers amis,

L'acte par lequel nous nous consacrons à Dieu et par lequel nous décidons de n'avoir d'autre priorité que celle de servir le Seigneur, n'est pas un renoncement à la vie… Bien au contraire, par lui nous vient la vie et la vie en abondance… On ne renonce à des plaisirs légitimes que pour des plaisirs plus grands. On ne renonce à un amour humain que pour un amour plus grand ! Notre consécration, si elle est totale, (c'est-à-dire engageant tout notre être : âme et corps) n'engendre en nous aucun regret. Bien au contraire, elle infuse en nous, une joie plus profonde, la joie même de Dieu…

Si bien que chaque jour, comme nous le disons dans la prière eucharistique n°2, « Nous te rendons grâce, Ô Seigneur, car tu nous as choisis pour servir en ta présence ».

Chers amis, laissez moi vous surprendre !

Si ce choix est radical pour la vie consacrée, il doit l'être tout autant pour chacun d'entre vous. Il se fait d'une autre manière mais nous sommes tous appelé à la sainteté, chacun selon notre mode de vie. Nous sommes tous appelés, là ou nous sommes, dans notre état de vie, comme nous le rappelle la première lecture, à chercher le Seigneur tant qu'il se laisse trouver ; c'est le Quaerere Deum. Notre vocation de baptisés nous presse, nous pousse à chercher Dieu en toutes choses. Et nous devons le chercher sans trêve, car nous n'aurons jamais fini de le découvrir, d'entrer dans son mystère : Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au dessus des vôtres, et mes pensées, au dessus de vos pensées.

Saint Paul est ainsi partagé… il désire plonger définitivement son regard dans la contemplation de ce mystère divin qu'il a entrevue, et en même temps il brûle du désir de l'annoncer… Il se sent pris entre les deux : je voudrais bien partir pour être avec le Christ, et c'est bien cela le meilleur ; mais à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire.

Alors chers amis, au cours de cette messe, nous allons tous plonger notre regard dans cet abîme infini de l'amour de Dieu. Puissions nous, unis par ce même amour, intercéder les uns pour les autres ! Pour que les religieux sachent, en se consacrant chaque jour un peu plus, entrer dans l'intimité divine, pour présenter à Dieu nos prières et pour que les laïcs, sachent refléter et annoncer à leur entourage, Celui qui s'offre à eux à chaque Eucharistie. Amen.