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Célébration jubilaire07-09-2014

Dans le sillage de la retraite annuelle, nous avons célébré le jubilé de plusieurs de nos sœurs :

  • 70 ans de Profession religieuse de sœur Marie Thérèse (et 93 ans d'âge !) et de sœur Marie Fernande ;
  • 60 ans de Profession de sœur Marie Anne Marguerite, sœur Marie Jean Bosco et sœur Marie Marguerite ;
  • 50 ans de Profession religieuse de sœur Marie Jean Luc ;
  • 25 ans de Profession de religieuse de sœur Marie Camille et de sœur Marie Carmel.

L'abbé Denis RICHARD, notre aumônier, présidait la cérémonie dont voici l'homélie :

XXIIIe dimanche Per annum

- Célébration jubilaire -
7 Septembre 2014

Notre célébration dominicale est toute à l'action de grâce - par définition puisque nous célébrons l'Eucharistie - mais plus encore avec nos sœurs jubilaires qui veulent s'en remettre à Dieu après toutes ces années de service, vécues dans la fidélité à leur premier engagement. Le lieu où faire mémoire de ces années est particulièrement celui de l'Eucharistie, lieu mémorial de la Passion, de la mort et de la résurrection du Christ dans l'attente du Royaume des cieux, car c'est sur lui et lui seul que repose votre vie et qu'elle se structure pour atteindre, dit saint Paul « la pleine stature du Christ ». L'action de grâce permet de tout remettre au Christ c'est en lui que tout est transfiguré. Il n'est guère utile de se rappeler les passages difficiles de votre vie si ce n'est pour reconnaître qu'au cœur de vos épreuves et de vos combats, le Christ était là. C'est de toute façon des personnes faibles que le Seigneur appelle pour montrer à travers elles toute sa puissance de bonté, d'amour et de paix. Non, il n'est pas nécessaire de considérer ces passages difficiles puisque tout est assumé dans la personne même du Christ. L'heure est donc à l'action de grâce et à la joie pour savoir reconnaître la fidélité du Christ en vous, les merveilles qu'il a opérées en vous et par vous, reconnaître le visage du Bien-Aimé qui s'est présenté à vous au long de ces années à travers tous ces visages rencontrés, surtout ceux des malades et des pauvres.

C'est avec tout l'Église que vous rendrez grâce. Nous ne sommes jamais isolés dans notre coin lorsque nous célébrons la Résurrection avec la prière de l'Église : « Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux ». Paroles ô combien éclairantes de Jésus, reprises par la Constitution conciliaire (Sacrosanctum Concilium n° 7) qui précise les différents modes de présence du Christ en toute célébration.

L'Évangile développe les thèmes de la correction fraternelle et du pardon sous l'angle premier de la prière : « Si deux d'entre vous sur la terre se mettent d'accord pour demander quoi que ce soit, ils l'obtiendront de mon Père qui est aux cieux ». Il n'y a pas de limites à l'intercession lorsqu'elle est vécue de manière collégiale, dans la communion des cœurs et la force de l'Esprit. Tout commence et tout revient à la prière, la liturgie est ‘sommet et source' de la vie de l'Église comme le dit encore le Concile. (SC 10)

Car il s'agit bien de nous rappeler qui nous sommes devant le Seigneur et notre agir chrétien est signifiant de ce qu'est l'Église, une communauté de frères et de sœurs, unis dans la même foi, vivant dans la même charité : « À ceci, tous vous reconnaitront pour mes disciples à l'amour que vous aurez les uns pour les autres ». (Jn 13, 15) Ce que je suis, ce que je dis, est en rapport étroit avec l'Église. Ce que ne je fais pas en Église ou ce qui est fait en contradiction avec l'Évangile, blesse l'Église. J'ai donc une responsabilité personnelle devant l'Église et lorsque je ne vois pas ce qui ne va pas en moi, les frères ont cette responsabilité de m'interpeller. Jésus invite à vivre la correction fraternelle dans la discrétion, c'est la première attitude : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère ». Inutile donc de sonner de la trompette, ou la cloche, pour dénoncer un coupable, surtout s'il ne s'agit que d'un grief personnel qui peut se régler seul à seul. Deuxième temps, dit Jésus, « s'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes ». On reste encore ici dans la discrétion avec le concours de témoins qui peuvent aider à prendre le recul nécessaire devant la difficulté afin d'y remédier. Mais si le coupable refuse, alors on devra faire appel à la Communauté. La communauté est là pour aider, d'abord comme communauté de prière. Si nous nous référons à l'Église, c'est par le Droit Canonique que les litiges peuvent se sont régler, mais le Droit ne s'applique lui-même que dans la charité. Le frère, quoi qu'il ait fait reste un frère aimé de Dieu, appelé à demeurer dans la charité en prenant les moyens de s'amender de ses méfaits : « Mais s'il refuse d'écouter l'Église, considère-le comme un païen et un publicain ». Autrement dit, s'il ne veut pas changer d'attitude il n'est plus signe de la communion des frères dans la charité comme le demandait Jésus au soir de la Cène, et ce frère s'exclue lui-même de la communauté Église. La charité et la prière sont unies dans cette œuvre du pardon et de la réconciliation, elles sont premières et dernières, elles fixent notre moyen d'agir et de répondre au Christ, lui la source de toute miséricorde. L'Introït magnifiait celui le Seigneur qui est juste, lui dont le jugement est droit et qui agit toujours selon sa miséricorde.

Dans ce monde divisé et violent où le pardon est guère exploité, l'Église à ce devoir prophétique de rappeler que le pardon et la réconciliation, en lien avec la justice et la solidarité, sont toujours possibles pour faire avancer la paix. L'amour est au dessus des lois car il est lui-même une loi, la loi à appliquer sans cesse comme le rappelait Paul : « L'accomplissement parfait de la loi, c'est l'amour ». Cela oblige tous les chrétiens à mettre en œuvre, toujours et partout, la loi de charité et à faire l'effort personnel de la réconciliation au sein des Communautés, dans les familles, la vie du couple, le lieu de travail et dans toutes les activités. C'est ainsi que le pardon peut progresser dans le monde. Mais comme la prière est première, et que la prière ecclésiale est supérieure à la prière personnelle, comme le disait Jésus, il y a aussi cette nécessité de vivre le pardon au sein des communautés, à le célébrer communautairement à travers des liturgies de la Parole, comme le propose le Rituel à la suite de ‘Sacrosanctum Concilium' (35 n° 4) et comme l'a rappelé notre évêque dans sa dernière lettre.

Que le Seigneur de toutes miséricordes rende notre cœur généreux pour la vie fraternelle, en communauté religieuse ou en communautés paroissiales, afin qu'elles soient, au cœur du monde, signes de sa tendresse et de son pardon. Amen.